Peter Klasen

Peter Klasen

1935 Le 18 août, naissance de Peter Klasen à Lübeck. Il grandit dans une famille sensible aux arts : 
Son oncle, élève d’Otto Dix, est un peintre expressionniste de paysages et de portraits, son grand-père, mécène et collectionneur, l’introduit dans le monde des peintres amis de la famille.

1942 Le jeune Klasen assiste, le jour des Rameaux, au bombardement et à la destruction de sa ville natale.
Son père, mobilisé en 1943, sera porté disparu et Peter, sans jamais connaître les circonstances de sa mort, ne le reverra plus.

1945-1955 Fréquente le lycée Katharineum. Lors de longues promenades solitaires, il dessine et peint les paysages de la campagne environnante et des bords de la mer Baltique, influence initiale de son oncle Karl Christian Klasen. Il est profondément marqué par la lecture de Dostoïevski, Kafka et Thomas Mann.

1955 Il est admis à l’école des Beaux-arts de Berlin, qui est alors en Allemagne, l’école d’avant-garde.
“Il n’a jamais été question, pour moi, de faire autre chose que de la peinture”.
Baselitz est son co-disciple dans l’atelier de Hann Trier.

1959 Année cruciale dans le cheminement de Klasen. Il assiste au vernissage de la deuxième Documenta de Kassel qui consacre l’abstraction : “Partout dans le monde se pratiquait l’art informel, il m’apparaissait que tout avait été dit, et très bien dit”. Lauréat du prix du Mécénat de l’industrie allemande, il reçoit une bourse d’étude et choisit de partir pour Paris : “J’avais envie de tenter une autre aventure. Je voulais vivre en France dans ce pays que mon père qui en parlait la langue, m’avait appris à aimer”. Il se laisse griser par la ville et son déluge d’images. Il fréquente assidûment la cinémathèque de la rue d’Ulm, voit les films américains, les films allemands censurés sous Hitler (Fritz Lang, Murnau…) et ceux de la Nouvelle Vague (Godard, Truffaut, Chabrol…). Il fait la relecture des écrits théoriques de Dada et du Bauhaus, et développe le concept de l’intégration de la photographie dans son travail pictural. Première exposition, en Allemagne dans le cadre d’Ars viva.

1960 Premiers “tableaux-rencontres” : Klasen oppose sur le même tableau des images découpées et leur représentation peinte à l’aérographe.

1961-1966 Apparition sur ses toiles de l’image morcelée du corps féminin, tirée d’affiches publicitaires, de cinéma et de magazines. Ce sera une constante dans son oeuvre jusqu’en 1973.
Apparition d’une réalité déchirée : objets de consommation courante (téléphone, disque, appareils sanitaires, appareillages électriques…), de séduction (rouge à lèvres), objets liés au corps et à la maladie (thermomètre, stéthoscope, seringue, pilule, lame de rasoir,…). En 1962, Klasen expose pour la première fois en France. Rencontre Mathias Fels et Madame Rosa Faure. Il est le pionnier de la “Figuration narrative”, d’un renouveau de l’image dans la peinture. Nausée 1961, Fast serve 1963, La conscience du corps 1964, Stripteaseuse 1965, Zone interdite 1965, Ce que femme veut 1966. En 1964, exposition Peter Klasen/Gerhard Richter à Munich, Galerie Friedrich, participe à Mythologies Quotidiennes au Musée d’Art moderne de la ville de Paris. Les expositions se multiplient. Il s’explique sur son travail dans un texte : Mon vocabulaire.

1967-1970 Klasen peint ses “tableaux binaires”, fondés sur la représentation opposée d’un fragment du corps humain et d’un objet, peint ou intégré, révélant son angoisse devant la scission de “l’être” et du monde de “l’avoir”. Ampoule 100 Watt, 1968. Torse + ampoules + 10 seringues, 1969. Est invité à l’exposition de la Fondation Maeght L’art vivant 1965-68. Exposition à Paris, Milan, Bruxelles, Cologne.

1971 Rétrospective à l’ARC Musée d’Art moderne de la ville de Paris, sous la responsabilité de Suzanne Pagé et Pierre Gaudibert : Ensembles et Accessoires. Cette première exposition personnelle dans un musée développe une vaste installation tridimensionnelle sur le thème du corps et du sanitaire, avec des ustensiles chirurgicaux, cuves, bidets, tuyaux de descente, certains objets rehaussés de néon, et une série de tableaux (baignoire, W.C. etc, représentés grandeur nature). Publication dans des ouvrages de synthèse sur l’art, Pop Art & Cie de François Pluchart, L’art depuis 1945 de G.Gassiot-Talabot, L’Art en France de Jean Clair.

1973 – 1980 Après la représentation de l’objet isolé qui occupe sur fond neutre toute la toile (Fauteuil dentaire A, 1972), apparition du thème de “l’enfermement” : Klasen peint en gros plan, frontalement, sans arrière fond, grilles, barrières, portes cadenassées (Rideau de fer/fond noir 1974, ETR 1974, No admittance 1978), wagons, bâches de camions (Camion 1972, Wagon réfrigérant 1977). “Visionneur de la maladie urbaine” (Alain Jouffroy), Klasen dénonce les ambiguïtés du progrès et de la technologie.
“Mon rapport à la ville est conflictuel, donc productif : il débouche sur des réponses créatrices. En repérant les objets de notre environnement, en les arrachant à leur utilité fonctionnelle et en les traduisant avec les moyens spécifiques à la peinture, j’ai développé un langage anticorps qui résiste à l’agression permanent qu’exerce sur moi le monde extérieur”. Expositions à travers le monde, articles et livres consacrés à son œuvre se multiplient : Franck Venaille, Gérald Gassiot-Talabot, Bernard Noël, Pierre Tilman, Anne Tronche.
A propos de ses toiles, Henri Michaux parle d’une “étonnante dématérialisation des objets”. En 1977, rencontre Claudine d’Hellemmes, sa future épouse, à Lille.

1981 Séjour à New York. “Ce voyage a été pour moi la découverte d’un lieu mythique et en même temps une redécouverte d’une ville que le cinéma m’avait déjà parfaitement connaître”. Les photos prises à New York (notamment de graffitis) débouchent sur Traces, exposition chez Adrien Maeght en 1982, où, à travers les coulures, les salissures, les graffitis, la rouille…, la présence du temps, de l’usure, de la dégradation, de l’éphémère, fait apparition dans l’œuvre de Klasen qui était jusqu’alors marquée par la présence de l’objet d’une propreté clinique. “Il est l’historien des murs, l’archiviste des inscriptions et des taches” écrit Gilbert Lascault.
I was here definitely, 1982. Porte blindée, 1981-82, tableau sur lequel interviennent 30 amis artistes, écrivains, collectionneurs.
1986–1990 Exposition rétrospective au Kunstamt Wedding de Berlin. Commence le cycle du “Mur de Berlin”, série de 100 tableaux qui s’achèvera avant la chute du mur en 1989. Lors de la rétrospective L’œuvre peint de 1960 à 1987 à Aix-en Provence, en seront montrés les œuvres de grande dimension Macht 1987, et en 1988, Klasen exécute devant le public, accompagné du trio de jazz Humair, Jenny-Clark et Kühn, la dernière toile de ce cycle. Poursuit le repérage de l’iconographie urbaine, cherche à en dévoiler la face cachée : parkings, entresols, objets abandonnés, déchets. Sortie Parking 1989. L’exposition chez Louis Carré & Cie s’intitule Histoire de Lieux ordinaires. Réalise une série de sculptures en bronze, peint une Porsche 962C pour les 24 heures du Mans, expose à Los Angeles. 
Naissance de sa fille Sydney en 1988. Construction de la maison et de l’atelier du Sud de la France.

1991–1997 Première exposition personnelle à Tokyo. Rencontre le cinéaste américain Samuel Fuller, et inspiré par son film Shock Corridor, réalise l’installation-environnement-de 100 m2 Shock Corridor/dead end montré à la Fiac 1991. 
Naissance de sa fille Joy en 1992. Parution aux Editions de la Différence, d’une importante monographie, texte d’Alain Jouffroy. Création d’un environnement pictural de 35 000 m2 pour la rénovation du Parc Centre n°4 de la Défense. Avec Hans Spinner à Opio, réalise une série de sculptures (terre chamotée et objets), Une journée radieuse 1997. Vaste installation au Cargo (Marseille) de Travaux Publics intégrant au sol, néons et objets de chantier (tuyaux, grillages, tourets), et une suite murale de portes de vestiaires.
1998–2000 Klasen renoue avec la présence de l’image du corps dans Fragments, série de toiles de grande dimension, et dans l’exposition Femmes de Lettres/Iron Ladies, se réfère au cinéma dans ses peintures-collages par le sujet et le titre et présente sous grillage et plaque de métal éclairée d’un tube de néon, une image focalisée du corps féminin. Iron Lady I/L 17, 1998. Peint la Porsche GT2 Bâche-Klasen qui gagnera le Championnat de France GT 1998. L’artiste introduit de nouvelles techniques dans son œuvre (pigment print).
L’exposition Fragments of life montre le début de la série des Beauties, image fragmentée du nu féminin rehaussée d’un néon. Paul Virilio écrit Etudes d’impact pour l’importante monographie Klasen Virilio, 1999.

2002–2003 Développe une réflexion sur la fragilité de l’existence humaine liée à la violence inhérente à notre société (attentats terroristes du 11 septembre sur New-York), qui sera exprimée dans les œuvres de Life is beautiful ! et Elements of disaster. Participe à l’exposition Pop Art, centre Georges Pompidou.
2004 Renoue avec sa fascination pour le cinéma confrontée à son regard aigu sur le monde comme dans Guilty ou Hantise. “Hantise des passés qui ne passent pas”, écrit Daniel Sibony.

2005 Installation d’Intensiv-Station. Présente pour la première fois ses photographies (1970-2005) utilisées comme base de son travail pictural, Nowhere Anywhere à la Maison Européenne de la Photographie sur l’initiative de Jean-Luc Monterosso, et à la Fine Art MB Gallery de Los Angeles.

2009 Rétrospective au Tri Postal à Lille